L’hiver rend visible une réalité que beaucoup préfèrent ignorer. À Bruxelles, des familles entières, parfois avec des nourrissons, se retrouvent sans logement stable, exposées au froid, à l’insécurité et à l’incertitude quotidienne.

Comme le souligne le Samusocial, acteur majeur de l’hébergement d’urgence en Région de Bruxelles-Capitale, une part importante des personnes accueillies sont des enfants. Une réalité alarmante qui rappelle que le sans-abrisme ne concerne pas uniquement des adultes isolés, mais touche aussi les plus vulnérables.

L’hiver, un facteur aggravant pour les familles sans abri

Lorsque les températures chutent, les conditions de vie des familles sans logement se dégradent rapidement. Le froid, l’humidité et la promiscuité augmentent les risques sanitaires, en particulier pour les enfants en bas âge.

Chaque soir à Bruxelles, des centaines de familles sont hébergées en urgence. Pourtant, faute de places suffisantes, de nombreuses autres restent sans solution. Cette saturation oblige les équipes de terrain à faire des choix impossibles, laissant certaines familles dormir dehors malgré leur extrême vulnérabilité.

Des mères seules en première ligne

Selon les constats partagés par le Samusocial, une grande majorité des familles hébergées sont composées de mères seules avec enfants. Beaucoup ont fui des situations de violences conjugales ou intrafamiliales, perdant brutalement leur logement, leurs repères et parfois leur stabilité administrative.

Ces ruptures fragilisent profondément les familles. Les centres d’hébergement d’urgence, conçus comme des solutions temporaires, peinent à répondre aux besoins spécifiques des femmes et des enfants sur le long terme, notamment en matière d’intimité, de sécurité et de soutien psychologique.

Grandir en hébergement d’urgence : une enfance bouleversée

Pour un enfant, grandir en centre d’urgence signifie vivre sans repères stables. Les espaces sont souvent exigus, partagés, et peu adaptés à la vie familiale. Les rituels du quotidien disparaissent : pas de repas préparés ensemble, peu d’intimité, peu d’espaces pour jouer ou étudier sereinement.

Les adolescent·es, quant à eux, manquent d’espaces personnels, ce qui accentue le sentiment de mal-être et d’isolement. Ces conditions, lorsqu’elles se prolongent, peuvent avoir des conséquences durables sur le développement émotionnel et social des enfants.

L’école, un repère essentiel mais fragile

Malgré l’instabilité du logement, la scolarisation reste un pilier fondamental. Elle apporte une forme de continuité et de normalité dans un quotidien incertain. Cependant, même lorsque l’enseignement est gratuit, les frais annexes (transports, repas, fournitures, activités scolaires) représentent un obstacle important pour les familles les plus précaires.

Ces difficultés renforcent le sentiment d’exclusion chez les enfants et creusent les inégalités dès le plus jeune âge.

Les nourrissons, particulièrement exposés

L’accueil de très jeunes enfants, parfois dès la sortie de maternité, pose des défis majeurs. Les besoins spécifiques des nourrissons nécessitent un environnement adapté, du matériel de puériculture et un accompagnement renforcé des parents.

À l’image des initiatives mises en place par le Samusocial, notamment autour de la petite enfance, ces dispositifs sont essentiels mais restent insuffisants sans un soutien structurel durable.

Agir en hiver, mais aussi au-delà de l’urgence

L’hébergement d’urgence reste indispensable, surtout en période hivernale. Mais il ne peut être une solution à long terme pour des enfants. Protéger les familles, c’est aussi agir sur les causes profondes de l’exclusion : prévention, accompagnement psychosocial, accès aux soins, à un logement stable et à une scolarité réellement accessible.

Chez Human Smile, nos actions hivernales s’inscrivent dans cette logique : répondre à l’urgence tout en défendant une approche humaine, digne et respectueuse des droits fondamentaux.

Protéger les enfants, une responsabilité collective

Aucun enfant ne devrait avoir à survivre dans la rue, encore moins en hiver. Garantir leur sécurité, leur santé et leur développement est une responsabilité collective qui engage l’ensemble de la société.

En soutenant les actions de terrain et en relayant ces réalités, chacun peut contribuer à faire de l’hiver une saison de solidarité plutôt qu’une épreuve supplémentaire pour les plus vulnérables.